Autrices et auteurs en résidence
Découvrez leurs parcours et leurs projets d'écriture.

Éléonore Létourneau
Crédit photo : MBernierRésidence québécoise de création
Lors de sa résidence à la Maison de la littérature, Éléonore Létourneau achèvera l’écriture d’un roman intitulé Vies d’Alice Rivière. Dans une chronologie brisée en son centre par une longue analepse du temps de la jeunesse, le récit entrelacera trois destins alternatifs d’une femme ayant adopté, à l’adolescence, le nom d’Alice Rivière. Par fragments de longueurs variables, leurs histoires s’entremêlent, soulevant peu à peu la question du devenir, ainsi que celle des identités poreuses, multiples, changeantes. Si les trois Alice, en apparence, mènent des vies radicalement différentes, chacune semble habitée, vers la fin du livre, d’un peu de la sensibilité et du vécu des deux autres.
Le jury a été emballé par la force de ce projet, intelligent et bien réfléchi. Les extraits de Vies d'Alice Rivière laissent envisager une œuvre singulière, où fond et forme se répondent, où les fragments se suivent, se superposent autour des trois Alice pour créer des atmosphères et des images fortes et prenantes. Ces dernières promettent d'être des personnages complexes, profonds et étonnants, développés dans une langue douce et précise, parfaitement maîtrisée.

Mathieu Rolland
Crédit photo : François CoutureRésidence québécoise de création
Elle marche, elle dort, elle respire est un recueil de nouvelles. À la manière d’un triptyque, ce projet présente trois portraits de femmes vivant dans les marges, isolées sur l’île de leurs obsessions et de leurs hantises. On y découvre trois solitudes révélant respectivement l’image d’une femme prisonnière du mouvement, du sommeil ou de l’eau. Trois solitudes qui viennent déranger l’ordre social. Trois solitudes qui ne s’expliquent pas. Par ce projet, Mathieu Rolland tentera de se rapprocher au plus près de la vérité de ces personnages en rendant compte de leur intimité, de ce qui se cache derrière leur isolement, sans pour autant trahir leur secret.
La démarche humble et engagée de Mathieu Rolland a beaucoup plu au jury alors qu’il se lance, avec Elle marche, elle dort, elle respire dans une exploration quasi chirurgicale de la solitude, mais toute en humanité. On sent un fort désir de comprendre ses trois personnages féminins, ce qui les fondent, les tiraillent et les aspirent. Il a une grande capacité à faire entrer dans leur intériorité, sans nommer le mal qu'elles portent, tout en développant ce dernier et le laisser envahir toute la trame narrative. Rien n'est imposé au lectorat, ce qui ajoute à la délicatesse de la narration.

Gabrielle Morin
Résidence relève Première Ovation
Dans le projet de Gabrielle Morin, la narratrice tente de reconstituer la mémoire des bars lesbiens de Québec, rumeur fuyante qu’elle reconstitue par bribes en enregistrant avec son téléphone celleux qui les ont fréquentés. Il reste peu de preuves matérielles des anciens bar lesbiens: on pourrait en venir à douter de leur existence comme on a déjà douté de nous-mêmes. Parallèlement à cette enquête, elle fouille dans ses vieux journaux intimes d’adolescente, dans lesquels elle répète suspicieusement son amour des abdos et des « odeurs de gars ». L’enquête est ainsi à double-sens : en même temps qu’elle récolte les anecdotes des lesbiennes d’expérience, elle se décortique pour comprendre les rouages de sa honte, espérant ainsi l’exorciser.

Mattia Scarpulla
Crédit photo : AtwoodRésidence Québec-Namur
Durant sa résidence, Mattia Scarpulla retravaillera la première partie du recueil poétique Colère brûle, brûle sous la peau, qui parle des ouvrières de l’usine d’allumettes E. B. Eddy (1850-1930), dont la création a débuté en septembre 2024, en collaboration avec la Maison des arts littéraires de Gatineau. Mattia entamera également la deuxième partie de ce nouveau recueil, avec des narrations poétiques autour de la classe ouvrière en Belgique, en France et en Italie, en résonance avec le passé québécois des allumettières. Au fil de rencontres et de promenades, Mattia proposera de tisser des échanges autour des traditions ouvrières wallonne et québécoise et des écritures de la mémoire.

Sébastien Fevry
Crédit photo : S. DambroiseRésidence Québec-Namur
Durant sa résidence, Sébastien Fevry expérimentera une écriture poétique différente de celle de ses derniers recueils. Ce dispositif se nourrira des souvenirs et des notes qu’il a prises lors de ses voyages précédents au Québec, particulièrement à Montréal. Le projet s’intitule d’ailleurs Montréal est ailleurs. Le texte se présentera comme un triptyque faisant entendre les monologues intérieurs — écrits en vers libres — de trois personnages en transit dans Montréal, soit qu’ils y arrivent soit qu’ils en repartent, peut-être à des époques distinctes, mais unis par le même sentiment que la vraie vie est ailleurs, et que la ville se soustrait à leur désir.

Sebastián Ibarra Gutiérrez
Crédit photo : Violeta Márquez CruzRésidence croisée Québec-Nouvelle-Aquitaine
Dans mon projet d’écriture, Colloque des solitudes avant la nuit, j’aborderai particulièrement les errances et les questionnements, les hésitations et les tiraillements ressentis par tous ces êtres fragiles et vulnérables qui cherchent l’équilibre et réfléchissent autour du poids de nos vécus dans nos rapports avec autrui. Que ce soit en vers, en prose poétique ou en forme hybride, je chercherai à entamer un dialogue avec les lectrices et les lecteurs autour du déni sociétal de voir la profonde solitude humaine dans laquelle nous plongeons collectivement, avec un intérêt tout spécial aux non-dits et aux différentes interprétations qui en résultent, mais aussi aux options de vie mutuellement exclusives qui font partie de nos parcours individuels et collectifs.

Marta Cartu, Cole Degenstein et Pauline Lecerf
Résidence de bande dessinée Angoulême-Bilbao-Québec
Le jury de l’édition 2025 a sélectionné trois jeunes créateur.trice.s : Marta Cartu, Cole Degenstein et Pauline Lecerf, qui ont choisi, le plus souvent, d’explorer la narration graphique de manière transdisciplinaire, qu’il s’agisse du format livre ou de l’installation afin de composer sur notre monde des récits inventifs et singuliers. Les trois bédéistes ont séjourné un mois à Angoulême, un mois à Bilbao et terminent leur résidence à Québec. Le groupe travaille à l’atelier Les Autres jours et participera au Festival Québec BD.

Silène Edgar
Crédit photo : Lise SyvenRésidence croisée Québec-Nouvelle-Aquitaine
Son projet à Québec
Youssef : un jeune homme, joueur prometteur de hockey, intègre la ligue Junior et part dans des contrées éloignées de sa ville natale, Montréal, pour mener des stages de plusieurs mois avec son équipe. Lorsqu’il arrive dans sa nouvelle famille à Val-d’Or, il découvre avec horreur son « père » d’accueil en train de déblatérer devant la télé un chapelet de propos racistes sur les Arabes qui provoquent, d’après lui, attentats, guerres et tout le malheur du monde. Youssef est canadien, ses parents sont marocains de naissance. Paniqué, il appelle son père à qui il parle en arabe pour ne pas être compris de son hôte. Son père ne peut rien pour lui et, quand Youssef raccroche, son hôte s’exclame : « Dis donc, tu parles bien espagnol ! Enfin, cela est normal pour un mexicain, j’imagine. » Youssef, interdit, n’ose le contredire surtout quand la « mère » d’accueil propose tout sourire « une soirée tacos tous les jeudis pour que tu te sentes moins dépaysé ». S’ensuivent plusieurs mois de mascarade et un surnom qui colle aux basques de Youssef. Dans la ligue Junior, il devient « le Mexicain ». Derrière cette blague perdure et s’exprime un racisme de plus en plus difficile à vivre.

Mirna Sindičić Sabljo et Catherine Mavrikakis
Crédit photo : @laura.sabljo et Charlie MaroisRésidence de traduction
En février 2025, dans le cadre de sa résidence de traduction à la Maison de la littérature, la traductrice Mirna Sindičić Sabljo travaillera en étroite collaboration avec l'écrivaine québécoise Catherine Mavrikakis pour réaliser la version croate du roman Le Ciel de Bay City, publié en 2008. Cette traduction paraîtra aux éditions Leykam International. La résidence à Québec offrira à la traductrice l'occasion unique de collaborer directement avec l'autrice, afin d'affiner le texte et de surmonter les défis posés par certains passages complexes.

Anaïs Palmers
Crédit photo : Colin RousseauRésidence pour la relève de 36 ans et plus
Une histoire de marin, au féminin : une histoire de marine. Le projet est né en 2020, alors qu'Anaïs Palmers travaillait sur des «bateaux remorque» en foresterie, dans l'ouest du Canada, avec un équipage de femmes. Le point de départ de ce récit a été sa propre expérience dans le métier ; le texte, lui, l'amène en eaux imaginaires. Dans le cadre de la résidence à la Maison de la littérature, Anaïs s'inspirera pour son récit du carnet de bord, intégrant poésie marine et informations curieuses sur le travail en mer. La forme prévue est le roman.