Autrices et auteurs en résidence
Découvrez leurs parcours et leurs projets d'écriture.

Gabrielle Morin
Résidence relève Première Ovation
Dans le projet de Gabrielle Morin, la narratrice tente de reconstituer la mémoire des bars lesbiens de Québec, rumeur fuyante qu’elle reconstitue par bribes en enregistrant avec son téléphone celleux qui les ont fréquentés. Il reste peu de preuves matérielles des anciens bar lesbiens: on pourrait en venir à douter de leur existence comme on a déjà douté de nous-mêmes. Parallèlement à cette enquête, elle fouille dans ses vieux journaux intimes d’adolescente, dans lesquels elle répète suspicieusement son amour des abdos et des « odeurs de gars ». L’enquête est ainsi à double-sens : en même temps qu’elle récolte les anecdotes des lesbiennes d’expérience, elle se décortique pour comprendre les rouages de sa honte, espérant ainsi l’exorciser.

Mattia Scarpulla
Crédit photo : AtwoodRésidence Québec-Namur
Durant sa résidence, Mattia Scarpulla retravaillera la première partie du recueil poétique Colère brûle, brûle sous la peau, qui parle des ouvrières de l’usine d’allumettes E. B. Eddy (1850-1930), dont la création a débuté en septembre 2024, en collaboration avec la Maison des arts littéraires de Gatineau. Mattia entamera également la deuxième partie de ce nouveau recueil, avec des narrations poétiques autour de la classe ouvrière en Belgique, en France et en Italie, en résonance avec le passé québécois des allumettières. Au fil de rencontres et de promenades, Mattia proposera de tisser des échanges autour des traditions ouvrières wallonne et québécoise et des écritures de la mémoire.

Sebastián Ibarra Gutiérrez
Crédit photo : Violeta Márquez CruzRésidence croisée Québec-Nouvelle-Aquitaine
Dans mon projet d’écriture, Colloque des solitudes avant la nuit, j’aborderai particulièrement les errances et les questionnements, les hésitations et les tiraillements ressentis par tous ces êtres fragiles et vulnérables qui cherchent l’équilibre et réfléchissent autour du poids de nos vécus dans nos rapports avec autrui. Que ce soit en vers, en prose poétique ou en forme hybride, je chercherai à entamer un dialogue avec les lectrices et les lecteurs autour du déni sociétal de voir la profonde solitude humaine dans laquelle nous plongeons collectivement, avec un intérêt tout spécial aux non-dits et aux différentes interprétations qui en résultent, mais aussi aux options de vie mutuellement exclusives qui font partie de nos parcours individuels et collectifs.

Marta Cartu, Cole Degenstein et Pauline Lecerf
Résidence de bande dessinée Angoulême-Bilbao-Québec
Le jury de l’édition 2025 a sélectionné trois jeunes créateur.trice.s : Marta Cartu, Cole Degenstein et Pauline Lecerf, qui ont choisi, le plus souvent, d’explorer la narration graphique de manière transdisciplinaire, qu’il s’agisse du format livre ou de l’installation afin de composer sur notre monde des récits inventifs et singuliers. Les trois bédéistes ont séjourné un mois à Angoulême, un mois à Bilbao et terminent leur résidence à Québec. Le groupe travaille à l’atelier Les Autres jours et participera au Festival Québec BD.

Silène Edgar
Crédit photo : Lise SyvenRésidence croisée Québec-Nouvelle-Aquitaine
Son projet à Québec
Youssef : un jeune homme, joueur prometteur de hockey, intègre la ligue Junior et part dans des contrées éloignées de sa ville natale, Montréal, pour mener des stages de plusieurs mois avec son équipe. Lorsqu’il arrive dans sa nouvelle famille à Val-d’Or, il découvre avec horreur son « père » d’accueil en train de déblatérer devant la télé un chapelet de propos racistes sur les Arabes qui provoquent, d’après lui, attentats, guerres et tout le malheur du monde. Youssef est canadien, ses parents sont marocains de naissance. Paniqué, il appelle son père à qui il parle en arabe pour ne pas être compris de son hôte. Son père ne peut rien pour lui et, quand Youssef raccroche, son hôte s’exclame : « Dis donc, tu parles bien espagnol ! Enfin, cela est normal pour un mexicain, j’imagine. » Youssef, interdit, n’ose le contredire surtout quand la « mère » d’accueil propose tout sourire « une soirée tacos tous les jeudis pour que tu te sentes moins dépaysé ». S’ensuivent plusieurs mois de mascarade et un surnom qui colle aux basques de Youssef. Dans la ligue Junior, il devient « le Mexicain ». Derrière cette blague perdure et s’exprime un racisme de plus en plus difficile à vivre.

Mirna Sindičić Sabljo et Catherine Mavrikakis
Crédit photo : @laura.sabljo et Charlie MaroisRésidence de traduction
En février 2025, dans le cadre de sa résidence de traduction à la Maison de la littérature, la traductrice Mirna Sindičić Sabljo travaillera en étroite collaboration avec l'écrivaine québécoise Catherine Mavrikakis pour réaliser la version croate du roman Le Ciel de Bay City, publié en 2008. Cette traduction paraîtra aux éditions Leykam International. La résidence à Québec offrira à la traductrice l'occasion unique de collaborer directement avec l'autrice, afin d'affiner le texte et de surmonter les défis posés par certains passages complexes.

Anaïs Palmers
Crédit photo : Colin RousseauRésidence pour la relève de 36 ans et plus
Une histoire de marin, au féminin : une histoire de marine. Le projet est né en 2020, alors qu'Anaïs Palmers travaillait sur des «bateaux remorque» en foresterie, dans l'ouest du Canada, avec un équipage de femmes. Le point de départ de ce récit a été sa propre expérience dans le métier ; le texte, lui, l'amène en eaux imaginaires. Dans le cadre de la résidence à la Maison de la littérature, Anaïs s'inspirera pour son récit du carnet de bord, intégrant poésie marine et informations curieuses sur le travail en mer. La forme prévue est le roman.

Dominique Rivard
Crédit photo : Clara LacasseEn création à la Maison de la littérature | Mise à disposition de l'appartement
Dans le cadre de mon séjour à la Maison de la littérature, je débuterai chaque journée sur le fleuve hivernal en faisant l'aller-retour sur le traversier Québec-Lévis. Cette idée est directement inspirée de l'approche de l'autrice Fanny Brossard Charbonneau dans son projet « L'heure a la substance d'un train de banlieue ». Cette expérience de déplacement systématique servira de générateur pour les différentes trames abordées dans mon projet d'écriture L'engloutissement : répétition, nordicité, mouvance, circularité, eaux et phénomènes optiques.

Katia Bacon
Résidence autochtone
La résidence permettra à Katia Bacon de commencer un tout nouveau projet d’écriture qui racontera l’histoire de Kuakuatsheu (Carcajou), un orphelin qui a grandi en territoire et a survécu à des années de misères et de maltraitance de la part de sa vieille tante. Lorsque vient le temps de fonder sa propre famille, il est confronté à un choix déchirant, soit celui de retourner en forêt et continuer de vivre de la chasse, soit celui d’accepter une vie sédentaire et travailler pour les « blancs ». Une décision qui amènera son lot de questionnements et de crises existentielles à sa descendance…
« Cécile », dans le collectif Wapke, parle de ma grand-mère, c’était une façon de rendre hommage à sa douceur et sa force. Kuakuatsheu est mon grand-papa et lui aussi a une histoire à raconter

Ariane Tapp
Crédit photo : Justine LatourRésidence d'écriture en région Occitanie - avec le Prix du jeune écrivain
Mon projet est un recueil d’anecdotes et d’impressions autofictionnel, probablement sous forme de prose poétique. Je souhaite explorer par l'écriture le sentiment de solitude et de rejet éprouvé durant l’enfance et l’adolescence, et même jusqu’à l’âge adulte. Ma suite récipiendaire du Prix Geneviève-Amyot 2024, « tes yeux sont des hivers qui ne fondent jamais », constitue une première plongée dans les souvenirs et la pierre fondatrice du projet.